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L’IA au boulot

Serez-vous remplacé les prochaines années par une intelligence artificielle à votre poste ? C’est théoriquement possible. Mais soyons réalistes : la probabilité est plus qu’infime. L’IA qui est aujourd’hui développée et adoptée en entreprise a, en effet, comme premier objectif d’être une aide ou un appui à un travail existant. L’IA est donc à considérer en premier lieu comme une béquille plutôt que comme un « grand remplacement ».

2023-2030 : la révolution en cours

« En fait, l’IA est déjà partout dans notre quotidien et en entreprise » précise Baptiste Fosséprez, le CEO de PEPIte, société spécialisée en IA. « C’est parce que nous n’en avons pas toujours conscience ou parce que nous imaginons l’intelligence artificielle comme dans les films, avec des robots qui prennent le pouvoir. Mais dans notre quotidien, nous sommes confrontés en permanence à l’Intelligence artificielle. Qu’il s’agisse de faire des recherches sur Google, des suggestions Netflix, de notre fil d’actualité Facebook ou de l’enchaînement des vidéos sur TikTok en fonction de nos préférences, l’IA est déjà présente dans notre vie de tous les jours. De nombreuses sociétés belges utilisent et développent de l’IA pour améliorer leur rentabilité ou leur efficacité. C’est là tout l’intérêt de cette révolution en cours. »

Et dans les prochaines années, à quoi pourrions-nous nous attendre ? Il est important de distinguer la réalité des fantasmes. Les experts le disent tous, les 10 prochaines années seront réellement bouleversantes. Mais tout se fera par étape. « En 2030, nous n’aurons pas des robots humanoïdes multitâches qui vont remplacer les êtres humains. Il faut imaginer notre rapport à l’IA comme une vague et non un tsunami. L’imaginaire collectif pense que le monde va changer du jour au lendemain. On va se réveiller un jour et nous serons dans une autre réalité. Ce n’est évidemment pas comme cela que ça se passe. Il y a des essais, des erreurs dans les technologies. Les choses se font progressivement, par petites vagues. Les choses avancent un peu, reculent, puis reviennent. Et notre monde intègre ces nouveautés avec le temps » conclut Baptiste Fosséprez.

L’IA, pour quoi faire ?

L’IA en entreprise, ce sont des dizaines de possibilités. Il y a bien sûr les logiciels et les utilisations déjà énoncées, mais il y a aussi des aspects très concrets. Voici 5 champs d’application parmi les plus courants aujourd’hui :

  1. Automatisation accrue : l’IA permet aux entreprises d’automatiser de plus en plus de tâches répétitives et de processus, ce qui réduit les coûts opérationnels et améliore l’efficacité.
  2. Amélioration de l’expérience client : les chatbots, les systèmes de recommandation et l’analyse des données client permettent aux entreprises de personnaliser davantage leurs interactions avec les clients, améliorant ainsi leur satisfaction et leur fidélité.
  3. Prise de décision assistée par l’IA : les outils d’IA fournissent des analyses en temps réel et des informations pertinentes pour aider les dirigeants à prendre des décisions plus éclairées et à anticiper les tendances du marché.
  4. Optimisation de la chaîne d’approvisionnement : l’IA est utilisée pour prévoir la demande, gérer les stocks et améliorer la logistique, ce qui permet aux entreprises de réduire les coûts et d’optimiser leurs opérations.
  5. Personnalisation des produits et services : les entreprises pourront utiliser l’IA pour développer des produits et des services plus personnalisés en fonction des préférences individuelles des clients.

Attention aux risques de l’IA

Qui dit évolution, dit aussi risque de rupture ou de bouleversement. Pour tout changement en entreprise, il y a plusieurs attentions à avoir. On ne fait pas évoluer un modèle sans être préparé. Ni sans savoir ce qu’on va gagner et perdre.

Voici 4 risques réels liés à la présence de l’IA en entreprise :

  1. L’utilisation de l’IA implique la collecte et l’analyse de grandes quantités de données. La sécurité et la confidentialité de ces données sont essentielles, car les entreprises sont vulnérables aux violations de données et aux cyberattaques. On connaît tous le RGPD J
  2. Dépendance technologique : les entreprises qui s’appuient trop sur l’IA peuvent devenir dépendantes de cette technologie, ce qui les rend vulnérables en cas de défaillance du système, de panne de courant ou d’autres problèmes techniques.
  3. Éthique et responsabilité : les entreprises doivent faire face à des questions éthiques complexes liées à l’utilisation de l’IA, notamment la responsabilité en cas de décisions prises par des systèmes autonomes. En clair : qui est responsable de quoi ?
  4. Coût et complexité : la mise en place de systèmes d’IA peut être coûteuse et complexe. Les entreprises doivent en effet investir dans la formation de leur personnel et dans l’infrastructure nécessaire pour tirer pleinement parti de l’IA.

Il est également essentiel de penser au double impact que l’IA peut avoir sur les collaborateurs :

D’une part l’impact sur la créativité et l’intuition : l’IA peut être très efficace pour les tâches répétitives et analytiques, mais elle peut également réduire la place de la créativité et de l’intuition humaine dans la prise de décision. C’est un vrai point d’attention.

D’autre part l’impact psychologique et résistance au changement : les employés peuvent résister à l’intégration de l’IA en entreprise en raison de craintes liées aux pertes d’emplois, à la surveillance accrue ou à d’autres préoccupations.

Un outil RH pour le recrutement 

En juillet dernier, une étude de ManpowerGroup expliquait comment l’adoption des nouvelles technologies transforme les pratiques de recrutement et la gestion des ressources humaines.

L’apport de l’IA dans un processus de recrutement peut se faire à plusieurs niveaux.

  • Premier niveau : dans un processus de recrutement, l’IA permet déjà de rédiger des annonces, de jouer un rôle de chasseur de têtes sur des profils précis dans des réseaux comme LinkedIn, de prendre contact avec les futurs talents…
  • Deuxième niveau : quand le contact est établi, le recours à des IA conversationnelles comme ChatGPT permet aux candidats de poser des questions, d’en apprendre plus sur l’entreprise. Et inversement.
  • Troisième niveau : l’utilisation de Machine Learning (ML). C’est l’apprentissage automatique/statistique permettant de prédire des résultats de plus en plus précis à partir de données. Lors d’un entretien, le candidat va, par exemple, répondre à des questionnaires ou expliquer certaines situations, l’IA va dégager ses forces, ses faiblesses, son potentiel…

Un robot, CEO d’entreprise ?

En Pologne, la société de boissons alcoolisées Dictador est dirigée par Mika, un robot humanoïde doté d’une IA. C’est la première fois qu’un humanoïde est utilisé à un tel poste de responsabilité.

Mika aide à repérer des clients potentiels et puis, sélectionne des artistes pour concevoir des bouteilles pour les produits vendus par Dictador. L’avantage selon la société polonaise : «  Mika est dépourvue de tout préjugé personnel, ce qui garantit des choix stratégiques impartiaux qui privilégient les meilleurs intérêts de l’organisation. »

Mika ne licenciera aucun de ses employés, car les principales décisions importantes de Dictador restent prises par des humains.

Pour découvrir Mika en pleine réunion, ça se passe ici .

L’IA, un danger pour les emplois actuels ?

La question de la destruction de l’emploi par les machines existe depuis longtemps. Depuis la révolution industrielle, en fait. Ces dernières années, de nombreux emplois ont été « détruits » par la machine. Mais l’automatisation, la robotisation et la digitalisation ont aussi « créé » des nouveaux emplois. Il n’y avait pas de social media manager, d’influenceur ou encore de vlogueur en l’an 2000. Selon l’étude de l’Organisation Internationale du Travail sur la question, l’intelligence artificielle générative devrait créer plus d’emplois qu’elle ne devrait en détruire. Un point d’attention cependant : L’étude révèle que les effets potentiels de l’IA générative sont susceptibles de différer sensiblement pour les hommes et les femmes, la part de l’emploi féminin pouvant être affectée par l’automatisation étant plus de deux fois supérieure. Cela s’explique par la surreprésentation des femmes dans les emplois de bureau, en particulier dans les pays à revenu élevé et intermédiaire.

Vérifiez le rapport complet ici.