Stress permanent, manque de reconnaissance, manque de ressources, insuffisance de communication, salaire en berne… Les raisons de ne pas être heureux au travail sont nombreuses. Pour certains collaborateurs, c’est l’occasion de s’imaginer dans une autre société. Pour d’autres, le burnout s’invite. Et pourtant, il n’y a aucune fatalité. Le bonheur peut se travailler et s’imposer sur le lieu de travail. Voici quelques pistes concrètes pour y arriver.
Un salarié n’est pas l’autre. L’impact de certaines mesures, propositions… ne sera donc pas le même pour deux collaborateurs. Cependant, l’analyse de nombreuses études sur ce qui rend heureux les travailleurs permet de dégager 4 pistes prioritaires de compréhension du bonheur au travail.
1/ Des rapports humains apaisés et chaleureux
Le relationnel est la première pierre nécessaire à la construction du bonheur professionnel. Vous savez, ces petits moments d’échanges avec des gens qui nous estiment et que nous estimons en retour. Des personnes avec qui parler de nos dossiers, mais aussi de nous. De nos enfants, de ce que nous vivons en dehors du travail. Il est donc essentiel, en tant que RH ou manager, d’encourager ces moments. Voire de les initier.
2/ Du sens à ce qui est fait
Deuxième pierre nécessaire : le sens que l’on peut donner à son travail. En clair, nous avons besoin de savoir que nous servons à quelque chose dans la société et dans l’entreprise où nous nous trouvons. Nous devons voir l’intérêt de notre travail afin de savoir que nous ne faisons pas les choses pour rien. Cette nécessité du sens est d’ailleurs une des premières raisons qui poussent la nouvelle génération à rester dans un poste ou à en accepter un nouveau.
Ces dernières années, le vocabulaire RH s’est d’ailleurs enrichi d’un nouveau mot pour désigner ce sentiment d’inutilité, le « Brown-out », à savoir l’absurdité ou la nuisance de certains métiers qui amènent un réel malaise pour le collaborateur.
3/ La valorisation
Quand nous sommes enfants, nous attendons des adultes qu’ils reconnaissent nos capacités et nous encouragent. On apprend à parler, à marcher, à lire, à écrire, à être autonome de cette manière.
Spoiler alert : dans le monde professionnel, beaucoup d’entre nous restent de grands enfants. Nous apprécions une reconnaissance de nos efforts, de notre flexibilité, de nos compétences, de notre travail.
De plus, la valorisation et la gratitude amènent confiance et respect.
4/ La liberté
La liberté est souvent évoquée également par les collaborateurs comme un élément déclenchant bien-être et bonheur au travail. C’est encore plus vrai pour les plus jeunes générations qui ont appris à être plus autonomes et moins « encadrées ».
Le monde évolue et l’entreprise avec elle. Depuis quelques années, certaines structures ont décidé de devenir des entreprises libérées.
Concrètement, le modèle « libéré » repose sur deux grands principes. Le premier, laisser tous les collaborateurs prendre des initiatives individuelles plutôt que de suivre des directives imposées par leur hiérarchie. Les contrôles et la surveillance sont également repensés. Le second concerne la hiérarchie qui est non plus verticale, mais horizontale. Chaque collaborateur s’auto-dirige ou se met dans des petits groupes.
La confiance et la responsabilité vont donc de pair. Comme le signale Isaac Getz, professeur à l’école de commerce ESCP Europe et auteur de L’entreprise libérée. « Vous donnez de la liberté et de la responsabilité ». La confiance exclut donc le contrôle.
Et vous savez quoi ? Les collaborateurs des entreprises libérées se disent plus heureux que la moyenne.
Vous voulez aller plus loin ? Vous pouvez lire le livre de l’auteur Frédéric Laloux, Reinventing organizations, un best-seller salué unanimement par la critique.
L’argent fait-il le bonheur professionnel ? Cette question a été posée à de très nombreuses reprises. Et la réponse apportée est nuancée. Le salaire apporte une satisfaction personnelle, mais à court terme et jusqu’à un certain plafond. Dans leur livre ‘High Income Improves Evaluation of Life But Not Emotional Well-Being’, (Un salaire élevé améliore l’évaluation de la vie, mais pas le bien-être émotionnel), les psychologues américains Daniel Kahneman, lauréat du prix Nobel en Sciences économiques, et Angus Deaton partagent la conclusion suivante : le lien entre bonheur et argent s’applique jusqu’à une certaine somme, 70.000 dollars. Quiconque perçoit plus de 70.000 dollars par an ne verra plus son niveau de bonheur augmenter de façon proportionnelle.
Par ailleurs, la satisfaction et la motivation liées à un bon salaire (lors de l’engagement ou lors d’une augmentation) s’estompent en quelques mois. L’impact sur le bien-être et le bonheur du collaborateur est nul à moyen sur le long terme.
Si l’argent est un élément important de notre travail, ce n’est pas de ce côté qu’il faut aller pour rendre les collaborateurs heureux.
Un collaborateur heureux, c’est bon pour l’entreprise
Il n’y a pas que le RH qui peut se réjouir d’avoir des collaborateurs heureux. Le CFO et le CEO peuvent l’être aussi. Une étude publiée par Harvard/MIT juste avant le Covid amène en effet des conclusions très intéressantes.
Ainsi, être heureux au travail rend 31% plus productif. Par ailleurs, les salariés heureux sont 2 fois moins malades, 6 fois moins absents, 9 fois plus loyaux et 55% plus créatifs !
A propos de création, la manière dont certaines entreprises fonctionnent en interne est parfois source de bonheur. C’est ce qu’explique l’auteur américain Daniel Coyle, dans son livre Culture Code : Secrets of Highly Successful Groups. Il met en avant l’exemple de Pixar où les dirigeants planifient des « moments d’inconfort » avec ce qu’ils appellent des réunions « BrainTrust ». Concrètement, lors de la production d’un film, les membres des équipes sont invités à donner leurs avis sincères aux créateurs. Seule contrainte, être factuel et non émotionnel. On évite le « je n’aime pas » pour le « je pense que cet aspect ne fonctionnera pas auprès du public pour telle ou telle raison ».
Cette manière de faire est reconnue en interne comme étant un ciment pour le groupe, et surtout, un élément qui apporte un certain bonheur professionnel.
Etude : https://journals.sagepub.com/doi/abs/10.1177/0021886310395514?journalCode=jaba
Le célèbre psychologue et professeur à Harvard, Dan Gilbert a publié un livre devenu célèbre : « Et si le bonheur vous tombait dessus ». Dans ce livre, il distingue le bonheur synthétique et le bonheur naturel. Le bonheur synthétique résulte de la réalisation d’un objectif. Un voyage, avoir des enfants, un mariage, être propriétaire, travailler dans telle entreprise, obtenir un nouveau poste… Selon lui, ce bonheur est transitoire et fragile, car il ne dépend pas de nous. Il est extérieur.
D’un autre côté, il y a le bonheur naturel. Un bonheur venu de l’intérieur, et qui peut survenir, que nous ayons ou pas obtenu les objectifs de notre bonheur synthétique. Rien de ce qui se passe à l’extérieur ne pourra alterner cet état. Ça nous appartient.
Et comment obtenons-nous cette recette du bonheur ? Dan propose 2 étapes. La première est d’accepter que la souffrance fasse partie de la vie et de ne pas lui accorder plus d’importance qu’il ne faut. La deuxième étape est de savoir que nous pouvons être heureux. Cette deuxième étape est conditionnée à 5 principes :
Avant la pandémie, une grande enquête a été réalisée sur le bonheur au travail. Objectif, savoir dans quel pays le bonheur au travail est le plus élevé parmi les pays industrialisés. Les salariés ont été interrogés sur le bonheur qu’ils ressentent au travail. Sur les 8 pays interrogés, la Belgique est avant-dernière avec 65,2% de personnes heureuses. La France est en dernière position avec un indice de 63,8% alors que la moyenne est de 68,1%. Les Etats-Unis se placent en première place avec un indice de 71,8% et l’Allemagne prend la deuxième place du podium avec 71,2%.
NB : Cette étude a été réalisée par le cabinet de recrutement Robert Half en partenariat avec Happiness Works afin de révéler les pays où les salariés sont les plus heureux et les moins stressés. Cette enquête a été réalisée auprès de plus de 23 000 professionnels travaillant à temps plein ou temps partiel dans huit pays.