93 % de la communication serait non verbale. Que raconte votre corps, votre attitude, votre regard pendant un échange ? Nous communiquons tous en permanence des informations sur qui nous sommes et ce que nous sommes. Peut-on maîtriser ce flux d’infos ? Et comment lire les autres ? Décryptage.
L’anecdote est réelle : interrogé un jour sur ses souvenirs les plus mémorables, le célèbre animateur français Michel Drucker a expliqué que recevoir Céline Dion en première mondiale pour une interview exclusive après le succès interplanétaire de son album D’eux (1995) avait été une des plus grandes fiertés de sa carrière. Un moment néanmoins un peu gâché par le commentaire de sa maman à qui il a téléphoné après l’émission. Quand il lui a demandé comment elle l’avait trouvé et s’il avait posé des questions intéressantes, elle lui a répondu qu’elle n’en savait rien, en précisant : « Je me suis demandé toute l’interview qui avait bien pu te conseiller de choisir cette cravate qui ne t’allait pas du tout, mon fils. »
La communication non verbale (CNV) est souvent définie comme l’ensemble des attitudes qu’on peut observer lorsque quelqu’un s’exprime. Ce n’est pas faux, mais c’est incomplet. La CNV va très au-delà de cette idée.
On pourrait la définir comme « l’ensemble des moyens de communication qui ne passent pas par les mots ». Cela inclut les gestes, les expressions faciales, la posture, les mouvements corporels, le contact visuel, la distance physique entre les personnes, le ton de la voix, et même l’apparence physique, ou encore les odeurs.
En clair : ce sont toutes les informations qu’une personne fournit à une autre sans parler.
On distingue dans cette CNV deux aspects. Ce qu’on appelle le non verbal et le paraverbal.
Le non verbal, ce sont :
Vidéo TRUMP : https://www.youtube.com/watch?v=T84se4fc4KU
On appelle communication paraverbale tout ce qui concerne la manière dont les mots sont dits, plutôt que les mots eux-mêmes. Elle inclut :
On notera pour être tout à fait complet que l’accent de la région dont nous provenons peut aussi raconter des choses sur nous.
Vous avez déjà rêvé de lire les pensées des autres ? Bon, ce super pouvoir reste de l’ordre du fantastique, mais nous avons tous la capacité de lire quand même un peu ce que les autres nous racontent d’eux.
Lire la communication non verbale d’un collègue nécessite de prêter attention à plusieurs aspects de son comportement, de ses expressions et de ses gestes. Voici quelques conseils pour mieux interpréter la communication non verbale dans un environnement professionnel :
N’oubliez surtout pas de prêter attention au contexte dans lequel vous « lisez » votre collègue, et ne tirez pas de conclusions d’un seul geste ou d’une expression isolée. Il est possible par exemple qu’il ou elle soit malade, ou ait l’esprit ailleurs à cause d’un événement de sa vie personnelle.
Certains évoluent dans un contexte professionnel où plusieurs nationalités, origines, religions… se côtoient. C’est l’occasion de préciser qu’une partie de la communication non verbale est culturelle. Ce qui est considéré d’une certaine manière dans une culture comme acceptable, peut être totalement interdit ou mal perçu dans d’autres.
Voici quelques exemples illustrant les différentes interprétations selon les cultures :
Apprendre à lire l’autre est une chose, mais quand on a perçu toutes ces informations, qu’est-ce qu’on en fait ? La réponse est probablement de s’adapter au non-verbal de l’autre. Pourquoi ? Car cela renforcer la relation et amène davantage de compréhension interpersonnelle.
Voici quelques attitudes pour être plus proches de vos collègues sans qu’ils le conscientisent. Non, ce n’est pas de la manipulation 😉, c’est une compétence précieuse qui vous permettra à tous les deux d’être « plus connectés ».
L’idée est d’imiter (subtilement) la posture et les gestes de l’autre personne. Faites attention à la tonalité, au rythme et au volume de la voix de l’autre personne. Si elle parle doucement et lentement, ajustez votre voix de manière similaire.
C’est une marque d’empathie qui va inconsciemment créer chez l’autre une connexion, et que nombre d’entre nous appliquent de manière inconsciente. Il ne faut, évidemment pas, exagérer le mirroring pour éviter de paraître moqueur ou condescendant.
Montrez que vous écoutez activement ce qui est dit avec des hochements de tête, des murmures d’approbation ou des sourires. Respectez aussi la parole de l’autre en ne l’interrompant pas, pourquoi pas lever légèrement les mains ou incliner la tête pour l’encourager à continuer à s’exprimer.
Réagissez aussi aux indices non verbaux par des réponses adaptées, par exemple, en offrant un sourire de réconfort si l’autre semble triste.
Si la situation le permet, et que cela est culturellement approprié, un léger contact sur l’épaule ou une poignée de main peut renforcer la connexion. Soyez attentif à la réaction de l’autre pour juger si le contact est bienvenu.
Réajustez votre propre langage corporel en fonction des réactions de l’autre. Si l’interlocuteur semble mal à l’aise, ajustez votre posture ou la distance.
Un exemple frappant en entreprise est le bonjour du matin. Certains tendent la main, d’autres font un signe poli de la main sans contact, d’autres encore proposent un check, et il y a aussi ceux qui aiment faire la bise, ce que tout le monde n’aime pas. C’est là que la communication non verbale peut être décryptée et réajustée. Et dans le doute, on demande.
Adoptez une posture ouverte (évitez de croiser les bras ou les jambes) pour encourager une communication plus ouverte et amicale et orientez votre corps vers la personne pour montrer votre engagement et votre intérêt pour la conversation.
Adaptez la distance entre vous et votre interlocuteur en fonction de son confort. Par exemple, rapprochez-vous légèrement si elle semble détendue et ouverte, ou reculez si elle paraît tendue.
Pour conclure, quand on parle de communication non verbale et de décryptage des autres, n’oubliez surtout pas votre propre non verbal. Avec un point important à garder en tête : assurez-vous que votre communication verbale est cohérente avec notre communication non verbale.
Nous affirmons dans l’article thématique que le non verbal est aussi culturel. C’est faux concernant ce qu’on appelle les micro-expressions. On vous en dit plus sur notre blog !
Vous vous souvenez de cette série américaine à succès « Lie to me » ? Ça raconte le quotidien du Dr Cal Lightman, psychologue expert en détection de mensonges par l’analyse de « micro-expressions », qui vend les services de son équipe à l’État américain pour l’aider à résoudre des enquêtes.
Les micro-expressions sont des expressions faciales brèves et involontaires que le visage humain exprime en fonction des émotions vécues. Ces expressions sont universelles et vont exprimer soit la joie, la colère, le dégoût, la peur, le mépris, la tristesse, la surprise…
Utiliser le non verbal permet aussi de débusquer les manipulateurs. Généralement, les manipulateurs utilisent les mêmes astuces. En voici 4 qui doivent agir comme des « red flags ».
1/ Quand il vous parle, il vous touche. Souvent, il dépose sa main sur la vôtre, votre coude ou votre épaule. Le message est qu’il vous prend en charge. De temps en temps, il vous retouche brièvement, pour créer du lien.
2/ Quand il vous parle, il vous regarde de manière plutôt fixe. Il veut savoir s’il est en train de vous « conquérir » et convaincre.
3/ Quand il vous parle, il entre délibérément dans votre espace, votre bulle. L’objectif est de créer un lien d’intimité.
4/ Quand il vous parle, il se penche vers vous et parle doucement pour donner l’impression d’une complicité.
C’est la date à laquelle Charles Darwin évoque pour la première fois l’importance de la communication non verbale. Il émet alors l’hypothèse de l’universalité des émotions.