L’âge est un facteur déterminant en entreprise. Pour une embauche, un départ, une attribution de poste, une promotion… Mais il est aussi un critère de discrimination. Pourtant, paradoxalement, le marché de l’emploi est de plus en plus vieux. C’est peut-être une bonne nouvelle, car l’apport des seniors en entreprise est très bénéfique pour une société. Petit tour d’horizon de la question.
On a souvent l’idée qu’un senior est une personne plus âgée que soi. En réalité, on est senior dans une société à partir de 45-50 ans. Oui, oui, même si ça fait mal 😉
Elon Musk, le PDG de SpaceX, Tesla et de X (Twitter), nous le promet : Un jour, l’humain sera immortel. Mais, en attendant, on continue de vieillir. Et dans notre société « moderne », les personnes qui prennent de l’âge ne sont pas toujours bien considérées.
Pas si évident de trouver du travail quand on a plus de 45 ans tant la perception est parfois biaisée et négative.
Il y a en fait en jeu une triple perception.
Celle que le senior a de lui-même. Parfois, en recherche d’emploi depuis un certain temps, il n’a plus une image positive lui-même et a perdu confiance en lui.
Celle que le marché du travail et les employeurs ont de cette personne « âgée » qui coûte cher, est plus souvent malade, et peut être perçue comme conservatrice ». Sans compter les préjugés concernant l’inadaptabilité « engager quelqu’un qui a travaillé 20 ans dans une telle société, ne risque-t-il pas d’avoir trop d’habitude dont il ne pourra se détacher ? ». Et il y a cette idée également selon laquelle « les vieux » sont, au mieux, peu portés sur les nouvelles technologies, au pire, technophobes.
Enfin, il y a la perception que les autres collègues ont des seniors. Ils seraient moins aptes à comprendre de nouvelles choses, ils travailleraient moins vite, ils seraient dépassés et veulent continuer à vivre dans une société qui n’existe plus.
« Un jour, je me suis présentée dans une start-up bruxelloise active dans le secteur du digital pour déposer un CV. Je possédais, en dehors de mes diplômes universitaires, plusieurs formations sur l’utilisation des médias sociaux, le digital… J’avais 52 ans. Quand le responsable est arrivé, il m’a dit qu’ici, personne ne souhaiterait travailler avec sa mère. Quelle claque ! » explique Nathalie aujourd’hui consultante indépendante.
L’expérience vécue par Nathalie porte un nom : l’âgisme. Que l’on pourrait définir comme l’ensemble des formes de discriminations, de mépris, fondés sur l’âge.
Il est, au même titre que le racisme, interdit.
Mais est, malheureusement, extrêmement présent. En France, il est même le premier critère de discrimination à l’embauche.
Personne ne peut se voir refuser un emploi à cause de son âge. Sauf dans de très rares exceptions qui doivent être « légitimes, appropriées et raisonnables ». Chercher un mannequin de plus de 45 ans pour vanter les mérites d’une crème anti-âge est accepté. Permettre à des jeunes de moins de 26 ans de profiter d’une « Convention premier emploi », afin de coûter moins cher à leur employeur, c’est justifié. Car les personnes de moins de 26 ans sont surreprésentées parmi les demandeurs d’emploi.
Personne ne peut non plus se voir refuser un accès à une formation, une augmentation de sa rémunération, une promotion… en fonction de son âge.
L’âgisme se niche parfois où on ne le soupçonne pas. L’éditorialiste néerlandaise Marianne Zwagerman a créé un vrai débat de société aux Pays-Bas en avril 2020 lorsqu’elle a twitté à propos de la pandémie de Covid19 et des personnes âgées : “Het dorre hout wordt gekapt » (« Le bois sec est coupé ») comparant les personnes âgées à du bois inutile.
« Depuis 2020, pour la première fois dans l’Histoire, il y a plus de personnes de plus de 65 ans que de personnes de moins de 5 ans sur terre. Plus de grands-parents que de petits-enfants » écrit Camilla Cavendish dans Extra Time : Ten Lessons for an Ageing WorldBook. Une réalité qui aura un impact concret et durable sur le monde du travail dans les pays occidentaux.
La réalité, c’est aussi que les seniors ont de plus en plus de chance d’être engagés aujourd’hui qu’hier. C’est ce qu’expliquait Bart Buysse (président FEVIA, Fédération industrie alimentaire) au Groupe Roularta, en mettant en avant d’autres chiffres : «En 2015-2016, les +50 ans représentaient 10 % de l’ensemble des personnes embauchées, contre 6 à 7 % en 2007-2008. En 2017, on était aux alentours de 11 %. »
Non, les seniors ne sont pas plus souvent malades. Pour les absences de courte durée (moins d’un mois), les seniors affichent même un meilleur score que les trentenaires. Pour les absences plus longues, les plus âgés sont par contre davantage impactés.
Ils ne sont pas non plus moins motivés. On peut même estimer que c’est tout l’inverse. A de rares exceptions près, celui qui retrouve un travail après un moment de « galère », va tout donner, car il mesure la chance qu’il a.
Non, on n’est pas passif après 50 ans. La preuve, les Américains de 55-65 ans ont 65 % de chances de plus de créer une entreprise que les 20-34 ans ! (Source : https://www.welcometothejungle.com/fr/articles/must-read-10-lessons-ageing-world)
Non, on n’est pas vieux à 45-50 ans. Comme le disait Coco Chanel assez justement : « Personne n’est jeune après quarante ans, mais on peut être irrésistible à tout âge. »
C’est valable au travail également 😉
Le Japon est vieillissant. 28 % de sa population a 65 ans et plus. Dans ce contexte-là, payer les pensions est de plus en plus complexe.
De nombreux Japonais ont donc décidé de continuer à travailler après l’âge légal de leur retraite.
Le Japon est le pays au monde qui emploie le plus de seniors 65+. En 2017, le taux d’emploi des 65-69 ans atteignait 54,8 % chez les hommes et 35 % chez les femmes.
Cela répond en partie à la pénurie de main-d’œuvre et à la crise démographique.
Et devant ces défis, de grandes entreprises reculent, voire suppriment carrément, l’âge de la retraite. C’est le cas de l’enseigne Nojima (enseigne d’électroménager) qui a supprimé l’âge limite d’activité, qui était de …80 ans.
Bonne nouvelle, il existe plusieurs types d’âges, ce qui en fait un concept malléable.
Il y a, en effet, tout d’abord, l’âge chronologique, c’est celui de notre carte d’identité défini par le jour de notre naissance. Il y a également l’âge biologique, c’est celui qu’on parait ou que donne notre corps. Il y a l’âge sociologique, c’est celui qui nous est attribué par la société en nous faisant rentrer dans une case (adolescent, 3ème âge, 4ème âge…) et, enfin, l’âge subjectif. C’est celui qu’on se donne dans notre tête.
Avec les progrès médicaux, l’âge est aussi en évolution de manière objective. Par exemple, aux États-Unis, une majorité écrasante (75 %) de personnes entre 60 et 75 ans n’ont aucune déficience cognitive ou physique.
16 %
Seuls 16 % des employeurs interrogés par SD Work ne veulent pas engager des + 50 ans
Source : SDWorx auprès de 732 dirigeants de PME